Editorial de MICHEL RICHARD
pour le Dossier " les arbres " du " Point "
(numéro spécial n°1448 du 16 juin 2000 )
Outrancier, bien sûr. Des arbres, il en reste, et d'autres
pousseront.
Mais l'homme, avec l'arbre, ne peut pas être raisonnable.
C'est comme ça: depuis toujours, et partout, il entretient
avec lui une relation archaïque, mythique, mystique.
Rien n'est simple avec l'arbre, lequel -voyez ses racines, son
tronc puissant, sa tête au ciel - ferait, pour tout dire, un humain
très présentable.
Un homme, en tout cas, aime à le voir ainsi, comme une
sorte de double, très nature, qui lui ressemble, le représente,
le symbolise.
Faut-il, pour bien comprendre ce qui se passe et se joue entre l'arbre et nous, remonter à la petite enfance de l'Histoire (la Genèse 2, 8 à 18), quand ,à la création Dieu fit interdiction à l'homme de toucher à l'arbre de la connaissance du bien et du mal? Aux méandres cachés de notre petite enfance à nous, vécue, paraît-il, entre " arbre viril " et " forêt maternelle "? Aux terreurs enchantées qui furent les nôtres : c’est bien dans les bois, n'est-ce pas, qu'on abandonne les enfants et que se perd le Petit Poucet ? A notre conditionnement scolaire et l'obligé " Écoute, bûcheron, arrête un peu le bras / Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas "? A notre dévotion écologique? A notre manie anthropomorphique ? Aux sources de notre plaisir, plus simplement, charnel ou esthétique?
C'est à la découverte d'un individu biologique, mais aussi d'un héros historique, d'un modèle politique, d'un symbole vital - tout ça dans un arbre! - que Le Point vous invite. " l’arbre et nous ", ou ce que l'arbre dit de nous.